Des revues
WALPURGIS donne vie au libretto de Jeroen Brouwers
Bruxelles – En mettant en scène le texte de Jeroen Brouwers BDE (bijnadoodervaring – expérience de mort imminente), la troupe de théâtre musical WALPURGIS prend les contrastes à bras-le-corps : contrastes entre la jeunesse et la vieillesse, entre la misanthropie et la tendre beauté.
La directrice artistique Judith Vindevogel provoque un dialogue entre la mort et la vie, une vie trépidante, renâclante rendue par les rythmes endiablés de Stray Dogs (Frederik Meulyzer et Koenraad Ecker), une musique qui se situe quelque part entre le post-rock, le jazz et l’électronique.
Le texte de Brouwers est ici dépouillé de toute dimension anecdotique et personnelle et est réduit à l’essentiel : un homme âgé, tournant le dos à la société, retrace au crépuscule de sa vie son parcours d’homme. Il s’engage sur une autoroute de la nostalgie le ramenant à sa région natale. Davantage qu’un voyage physique, c’est un voyage mental qu’il effectue, un voyage qui l’amène à dresser un bilan impitoyable du chemin parcouru.
François Beukelaers semble introverti et fragile sur scène, tandis que les musiciens de Stray Dogs impriment à ses paroles un battement de cœur musical. Sur deux écrans, le duo de vidéastes Karen Dick et Diederick Nuyttens nous livrent leurs collages vitalistes. Ils ont pour tâche ingrate de raconter ce que la musique et les mots ne disent pas, mais se confinent souvent à une illustration symbolique : les idées noires ont les contours du Styx, un lever de soleil est une naissance.
Vindevogel s’est appliquée à donner aux trois médias leur propre force narrative, mais la pratique de la performance live la contraint à une recherche permanente de l’équilibre. Les effets de contraste n’en sont pas perdus pour autant. Brouwers nous rappelle que nous sommes tous dans un état permanent de mort imminente, mais la violence musicale de BDE invoque la résistance.
De Morgen, 08/12/2011, Evelyne Coussens